J-2mois avant la rentrée : il (elle) n’est toujours pas propre ???

« Ah si, si ! Il prend un bain ou une douche quasiment tous les jours. Je lave ses vêtements aussi. Non, j’estime que mon enfant est propre. » 🙂
 
Il ne reste que cet été pour que les « grands » soient « propres »… Ou plutôt pour qu’ils aient une autonomie sphinctérienne.
PRESSION pour les parents, PRESSION pour les professionnels de crèche et PRESSION sur les enfants ! Inévitablement… Pourtant. Le seul conseil à donner aux parents, la seule chose qu’ils devraient se répéter (comme un mantra peut-être), c’est qu’il faut faire CONFIANCE à l’enfant.
  
Nous souhaitons insister sur les terme acquisition / autonomie et non apprentissage / éducation.
Apprentissage : c’est l’adulte qui intervient.
Acquisition : c’est l’enfant qui est acteur.
Et l’idée est là ! Le laisser acquérir la maîtrise de ses sphincters à son rythme. Il faut donc qu’il soit prêt.
Et ça ne dépend pas que de sa volonté ! Il faut qu’il soit mature sur différents plans : physique et émotionnel.
Quelques exemples :
On dit qu’il faut que le loulou sache monter et descendre les escaliers, qu’il soit capable de s’accroupir (maturité des muscles du périnée).
L’enfant doit être prêt à ressentir ce qui se passe dans son corps. Il expérimente, ressent. Et ça, ce n’est possible qu’à partir de 18 mois, quand la myélinisation des nerfs est faite.
S’il est dans un pic d’opposition, il se peut qu’il dise « non » au pot (et pas qu’au pot !) Il doit être apaisé par rapport à l’affirmation de soi, par rapport à son autonomie.
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En pratique :
On peut avoir un pot dans les toilettes, juste pour que l’enfant découvre cet objet, sache qu’il existe. Pas besoin de lui montrer tous les jours 😉 Une fois, c’est bien. Viendra un moment où il s’y intéressera davantage.
Quand le loulou a la couche sèche ou qu’il montre l’envie d’aller sur le pot ou qu’il montre que la couche pleine le gêne, on peut commencer à lui proposer le pot au moment de l’habillage par exemple. Il y va, c’est bien. Il y va pas, c’est pas grave. L’important est de ne pas sacraliser le passage aux toilettes : ne pas récompenser (s’il le fait pour quelque chose, il ne le fait pas pour lui. Quelle sera la limite ? Jusqu’à quand donnera t’on une récompense ?), ne pas féliciter de manière excessive, ne surtout pas disputer, ne pas faire du chantage ou manipuler. Comme pour beaucoup de choses, si l’enfant ressent toute l’importance que ça peut avoir pour l’adulte, s’il ressent qu’il y a un enjeu, le risque est que pour faire plaisir, il y aille et le jour où il est contrarié, il n’ira pas. Or, le but, c’est vraiment qu’il aille à son rythme, parce qu’il en a envie, pour lui. C’est un processus naturel, il ne faut donc pas en faire des tonnes 🙂 Restons nous aussi naturels et spontanés 😉
Si l’adulte propose à l’enfant d’aller sur le pot,
si ça ne vient pas du loulou lui-même,
si l’adulte n’attend pas que le petit demande, il anticipe ses besoins. Il anticipe ses ressentis. L’enfant n’aura pas le temps de ressentir ce qu’il se passe dans son corps et il ne prendra pas l’habitude d’avoir lui-même la démarche. Il restera quelque part dépendant de l’adulte. Proposer un peu, c’est bien. Proposer systématiquement, ça n’aide pas forcément.
 
Quand il commence à dire, demander ou montrer qu’il a besoin d’aller aux toilettes, on peut lui proposer d’enlever la couche et de mettre une culotte. C’est lui qui décide. Il met la culotte : c’est bien. Il préfère la couche : c’est pas grave. Ne soyez pas déçu. Il est important de donner le choix à l’enfant. Lui donner deux alternatives, c’est garder sa place d’adulte tout en rendant l’enfant acteur. Et plus il sera acteur, plus il sera coopératif et mieux ça se passera. Alors que plus on insiste, plus on complexifie la situation.
Le rapport de force où on impose à l’enfant n’est pas constructif. Productif peut-être. On voit certains enfants sur le pot très tôt et/ou qu’on oblige à rester dessus. L’enfant y va parce que l’adulte demande, pas parce qu’il est prêt… D’autres pratiques encore peuvent amener un résultat (« génial, il est propre ») mais il y aura eu un loupé dans le processus et il pourra y avoir des répercussions plus tard (énurésie, manque de confiance en soi, tempérament anxieux, etc.). Ce sont des conséquences qui ne sont pas visibles à proprement parlé et qu’on ne peut pas seulement associer à l’acquisition (apprentissage…) de la propreté : un enfant peut être anxieux pour bien des raisons. Mais pourquoi en créer une de plus en lui proposant (imposant) le pot trop tôt ? Jean EPSTEIN nous demandait en 2012 : « quel est le lien entre les séances pot et sciences Po ? » 😉
C’est parfois compliqué de ne pas tomber dans le rapport de force parce qu’on est convaincu de faire pour son bien. Mais il faut y être vigilent.
Quand on commence à enlever les couches, on pense à mettre des vêtements souples et faciles à baisser 🙂 Pas besoin de difficulté supplémentaire !
Si l’enfant n’arrive pas à maîtriser ses sphincters et qu’il y a plusieurs accidents (là encore, on n’aime pas le terme mais ça parle à tout le monde), il ne faut pas hésiter à proposer de remettre des couches. Des pipis sur soi à répétition, on comprendra bien que ce n’est pas facile à vivre, que ça peut être ressenti comme un échec et une humiliation, surtout si c’est devant d’autres personnes.
La régression est normale et parfois même nécessaire ! Il mettait des culottes, ça se passait bien et d’un coup, il veut une couche ? Pas grave. Il a peut-être besoin de revenir à une étape de son développement qui le sécurise pour se rassurer, se donner confiance en lui et retenter. Revenir à une étape qu’il maîtrise pour mieux aller de l’avant ensuite.
Et puis, il y a des jours où il n’aura pas envie, où il sera fatigué, ou trop occupé à autre chose. Donc pas d’inquiétude.
 
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Source : Charlotte dans « quand je serai propre », www.one.be
 
 
Questionnons-nous sur nos attitudes. On manque parfois de cohérence… Quand j’attends de l’enfant qu’il aille aux toilettes comme « un grand » mais que je le lange encore comme « un petit », alors qu’il est capable de se déshabiller, de se laver seul si je l’accompagne…
Et cette notion de « grand » et de « petit », on devrait l’oublier. ça catalogue l’enfant. Et c’est compliqué pour lui parce que par rapport à son âge, il est dans une période d’affirmation de soi où les sentiments sont ambivalents : « j’ai envie d’être grand (= gagner en autonomie et indépendance) mais je veux aussi rester le bébé de papa et maman »… On en rajoute donc en utilisant ces termes.
C’est comme quand on parle de l’école : « tu es un grand, tu y vas bientôt. – Oui j’ai envie mais ça fait peur aussi… Ah, il ne faut plus de culotte ? Je sais pas trop… Et puis, on me parle de l’école mais c’est pas concret pour moi : je sais pas vraiment ce que c’est, ce qu’on y fait et ça me parait loin, moi qui n’ait pas la notion du temps. »
 
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Source : Charlotte dans « quand je serai propre », www.one.be
 
 
On observe assez souvent à la crèche des enfants qui retirent la couche quelques semaines / jours avant la rentrée scolaire. Parce que ça y est, ils sont prêts. C’est concret. Alors on comprend tout à fait que ce soit stressant. On voit l’échéance se réduire. Courage, confiance ! Confiance en votre loulou ! Il n’y’a pas de raison qu’il n’y vienne pas.
Une autre attitude à questionner : quand on montre à l’enfant notre dégoût (« la couche est sale, ça sent pas bon », etc.). Il faut savoir que pour le loulou, dans son développement arrive une étape où il ressent une angoisse de morcellement. Il a l’illusion terrifiante de perdre un morceau de lui-même quand il a des selles. C’est pour cela aussi qu’en général, faire pipi dans le pot, c’est plus facile que caca… Quand le petit a des selles dans sa couche, c’est chaud sur sa peau, c’est érogène. C’est plaisant, c’est rassurant. Oui, c’est incompréhensible pour nous… Du coup, quand on montre notre dégoût par rapport à ses « productions », ça peut être comme si on avait du dégoût pour lui. Attention à ne pas en faire trop et à mettre les mots…

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On sait que ce n’est pas facile. Il y a la pression par rapport à l’école, l’entourage… et même les médecins ! Une amie me racontait que son généraliste lui a dit concernant sa petite âgée de 29 mois environ qu’elle avait loupé le coche. Il aurait fallu lui enlever la couche entre 20 et 22 mois ! Super culpabilisant et totalement faux !!! Sur quoi il se base ? Pas sûre qu’il se soit mis à la page et ait lu les dernières études sur le développement de l’enfant. Courage, confiance ! Confiance en votre loulou et confiance en vous !
Le risque quand l’échéance par rapport à la rentrée scolaire se réduit, c’est de suivre les bons conseils du genre « c’est l’été, mets-le cul nu ». Oui, bien sûr ! On lui impose donc. ça ne vient pas de lui. Pas d’alternative. Rapport de force, risque de conflits… Et aussi risque de perdre en estime de soi et confiance en soi si le petit se fait dessus. C’est angoissant de ne pas maîtriser ! « Cul nu » : oui, s’il le veut bien. Disons qu’en été, on peut plus facilement les laisser en slip, ça leur évite d’avoir à baisser pantalon + culotte et le linge sèche plus vite 😉 Mais ça n’empêche qu’il doit rester acteur et être d’accord.
Il faut le temps que l’idée chemine. C’est pour ça qu’un pot dans les WC aux alentours des 18 mois du loulou, ça peut être un début. Il le voit, il se familiarise avec. Et puis tout doucement, l’intérêt va être grandissant. Peut-être avec un passage à la culotte rapide ou juste avant l’école.
 
Où mettre le pot ?
C’est important que l’enfant se familiarise avec cet objet et qu’il soit dans un lieu repère. Afin d’inculquer à l’enfant ce qu’est le respect de son intimité, on préférera le mettre aux toilettes. Certes, à la maison, c’est la sphère privée. Certains sont nus devant leur enfant et ça ne les dérangerait pas d’avoir le pot dans le salon par exemple. Chacun fait comme il veut concernant l’intimité et la nudité mais il y a des codes sociaux à transmettre : on ne se déshabille pas n’importe où, devant n’importe qui. A réfléchir donc. A verbaliser en tous cas.
 
Plutôt réducteur ou pot ?
ça dépend de l’enfant. Certains préféreront le pot parce qu’ils touchent le sol avec leurs pieds, que c’est moins haut et parce que dans les WC, il y a un trou. Un trou dans lequel le loulou peut avoir peur de tomber. Et puis quand on fait dans le trou et qu’on tire la chasse d’eau, tout s’en va. Le petit peut croire que s’il tombe, il partira dedans aussi. Et où ça va ??? (Attention, on a parfois tendance à répondre « dans la mer », ne soyons pas surpris si plus tard, ils ne veulent plus s’y baigner 😉 )
Du coup, le pot peut rassurer.
Et puis, d’autres enfants préféreront le réducteur, pour aller sur les toilettes, comme le reste de la famille.
Comme tout à l’heure, pouvoir proposer deux alternatives au loulou, c’est le rendre acteur dans le processus.
 
Témoignage de Laëtitia : Eje, gérante et formatrice Syléty et maman d’un petit garçon qui rentre à l’école en septembre, j’ai souvent pensé aux parents que j’ai accompagnés à la crèche et auxquels je répétais « faites-lui confiance » 🙂 Notre loulou ne s’est pas intéressé au pot, ni aux toilettes. Il est devenu grand frère il y a un an. Il y a eu une petite régression sur plusieurs points et on s’est dit qu’il avait le temps. (C’était vrai !). Du coup, on ne lui a rarement proposé d’enlever la couche, d’aller sur le pot ou autre. Jamais de manière systématique. Nous avions juste choisi d’installer un abattant double (un à la taille de l’enfant combiné à un pour adulte). C’est pratique et stable (donc plus rassurant pour l’enfant).
En avril, on lui a dit qu’il pouvait essayer s’il voulait, qu’il faudrait peut-être s’entraîner un peu et qu’un jour, il y arriverait. C’était ok pour lui et puis il a été malade et n’a plus voulu. On a pas insisté. On lui proposait quand on y pensait. Et puis un jour, il a eu le déclic : il a fallu enlever la couche pour aller dans la piscine. Il voulait mettre une couche piscine. Je lui ai expliqué que ça ne retiendrait pas l’urine et que ça pourrait être bien d’aller aux toilettes avant d’aller dans l’eau. Il y est allé et n’a plus voulu de couches ensuite. Sauf une ou deux fois quand il allait en classe enfantine. Mais depuis, plus de couches, ni le jour, ni la nuit et ça se passe bien. J’ai une pensée pour les parents qui s’inquiètent car il ne reste que deux mois avant la rentrée/ Deux mois, c’est court pour nous mais très long en terme d’acquisitions pour l’enfant. Confiance ! Parfois c’est la veille de l’école. »
 
Parfois, il arrive que le loulou ait des « accidents » à la crèche, alors qu’à la maison, ça se passe bien. Chez lui, ses parents sont plus disponibles que les professionnels (qui essaient pourtant mais prennent en charge un groupe). En structure, l’enfant fait peut-être moins attention parce qu’il est en train de jouer avec ses copains. Peut-être aussi que s’arrêter dans son jeu pour aller aux toilettes, c’est prendre le risque de « perdre » son jouet. C’est du vécu, ça 🙂 On va donc proposer aux enfants de mettre le jouet
de côté pour qu’ils le récupèrent en revenant dans la salle. ça les rassure.
Il faut se dire que l’enfant peut avoir un comportement différent selon le lieu.
L’endroit change, les adultes aussi. Chacun peut avoir une manière de faire différente. Le seul « point » qui ne bouge pas, c’est l’enfant. C’est donc lui l’indicateur. Il faut le suivre, lui.
Nous finirons sur ça : il faut le suivre : LUI.
 
Pour compléter cet article, nous vous invitons à lire le compte-rendu de l’intervention d’Isabelle Gien, kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation périnéale des ENFANTS et des adultes et de Lucie Larcin, Educatrice de Jeunes Enfants sur le site VAE EJE. Très intéressant !!
Il y a aussi un pdf à télécharger : « Charlotte dans « Quand je serai propre… » Cliquer sur : moutard_quand-je-serai-propre
Un super document à lire et à partager ! Il y en a d’autres d’ailleurs sur différents thèmes pour soutenir la parentalité (colère, etc.). Une mine d’or !

 

2 réflexions sur “J-2mois avant la rentrée : il (elle) n’est toujours pas propre ???”

    1. Merci 🙂
      Vous verrez qu’en vous mettant moins la pression, vous la mettrez moins à Jade et ça va venir tout seul. Elle est prête physiquement. Manque le petit déclic. Parfois ça arrive juste avant l’école parce que ça y est, ça devient concret.
      A bientôt 🙂

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